L’île de La Réunion, territoire dynamique de l’océan Indien, est confrontée à un enjeu environnemental majeur : la gestion et la valorisation des huiles alimentaires usagées (HAU). Si leur élimination sauvage représente une menace pour l’environnement, leur collecte et leur transformation en ressources précieuses s’inscrivent dans une démarche d’économie circulaire et de développement durable.
Une consommation significative d’huile de friture
Bien que des chiffres précis sur la consommation annuelle d’huile de friture à La Réunion soient difficiles à obtenir publiquement, il est évident que son usage est répandu. La cuisine réunionnaise, riche en plats frits tels que les samoussas, les beignets, les bouchons frits et les carrys, génère inévitablement d’importantes quantités d’huiles usagées.
Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), une consommation moyenne de 20 litres d’huile par habitant et par an pour la friture est estimée en France métropolitaine. Bien que le contexte réunionnais puisse différer légèrement, cette donnée permet d’appréhender l’ampleur du gisement potentiel. Le nombre de restaurants et de snacks utilisant de l’huile de friture est considérable. Plusieurs centaines d’établissements, des plus petits snacks aux grands restaurants, contribuent quotidiennement à la production d’HAU.
Historique et développement de la collecte
La prise de conscience de la nécessité de collecter les huiles usagées est relativement récente à La Réunion. Si des initiatives isolées ont pu exister, c’est principalement au cours des dernières décennies que des structures organisées ont vu le jour. L’évolution de la réglementation et l’engagement d’acteurs locaux ont permis la mise en place progressive de filières de collecte. Des entreprises spécialisées jouent un rôle central dans cette démarche, offrant des services adaptés aux professionnels.
Que deviennent ces huiles ? Une seconde vie précieuse
Les huiles alimentaires usagées collectées à La Réunion ne sont pas jetées, elles sont valorisées. Le processus de valorisation le plus courant est leur transformation en biocarburant après export vers des filiales de transformation en dehors du département. Ces huiles, après un processus de filtration et de traitement, peuvent être utilisées pour produire du biodiesel, une alternative plus respectueuse de l’environnement que les carburants fossiles traditionnels. Cette valorisation permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de diversifier les sources d’énergie.
D’autres débouchés existent également, bien que moins développés sur l’île. Les HAU peuvent être transformées en savon, en produits cosmétiques ou encore en lubrifiants industriels. Cette diversité de valorisation souligne le potentiel de ces déchets en tant que ressources.
Des solutions de collecte pour les particuliers
Historiquement, la collecte des huiles usagées s’est concentrée sur les professionnels de la restauration, principaux générateurs de ces déchets. Cependant, la prise de conscience de l’impact environnemental des huiles jetées dans les éviers a conduit à la mise en place de solutions pour les particuliers.
Des points d’apport volontaire sont désormais disponibles dans certaines déchetteries de l’île (par exemple la CASUD : https://www.casud.re/actualites/les-huiles-de-friture-se-recyclent) Les collectivités locales, en partenariat avec les entreprises de collecte, communiquent de plus en plus sur ces dispositifs. Des campagnes de sensibilisation sont également menées pour encourager les ménages à ne pas jeter leurs huiles dans les canalisations, qui peuvent causer des obstructions et contaminer les réseaux d’assainissement.
Un enjeu pour l’avenir
La collecte et la valorisation des huiles alimentaires usagées à La Réunion sont en constante progression. Les défis restent cependant importants : augmenter le taux de collecte, sensibiliser davantage la population et développer de nouvelles filières de valorisation. En s’engageant collectivement, professionnels et particuliers, l’île de La Réunion peut transformer ce qui était autrefois un déchet en une ressource précieuse, contribuant ainsi à un avenir plus durable.
Crédit images : canva.com